Publié le 16 oct 2023Lecture 3 min
Améliorer la perte de poids par un AR GLP-1 après une réponse insuffisante de la chirurgie bariatrique ?
Bernard BAUDUCEAU, Saint-Mandé
Mok J et al. Safety and efficacy of liraglutide, 3.0 mg, once daily vs placebo in patients with poor weight loss following metabolic surgery: the BARI-OPTIMISE randomized clinical trial. JAMA Surg 2023 : e232930.
La chirurgie bariatrique permet d’obtenir une perte de poids et une amélioration des comorbidités mais ces résultats sont très variables selon les personnes et la technique utilisée. Une mauvaise réponse en termes de perte de poids semble associée à de plus faibles taux circulants de glucagon-like peptide-1 (GLP-1). L’introduction d’un analogue des récepteurs du GLP-1 (AR GLP-1) pourrait ainsi se justifier.
Dans ce contexte, l’objectif de cette étude dénommée BARI-OPTIMISE était d’évaluer l'efficacité et l'innocuité du liraglutide 3 mg, un AR GLP-1 utilisé depuis de nombreuses années à de plus faibles posologies dans le traitement du diabète de type 2. Le critère principal reposait sur le pourcentage de réduction du poids chez les patients présentant une faible perte pondérale et une réponse sous-optimale du GLP-1 après une chirurgie bariatrique.
Cet essai randomisé contrôlé versus placebo a été menée dans 2 hôpitaux de Londres entre octobre 2018 et novembre 2019. Il a recruté des personnes adultes, au moins 1 an après une chirurgie bariatrique, qui avaient obtenu une perte de poids de moins de 20 % à partir du jour de l'intervention chirurgicale et une réponse sous-optimale du GLP-1. Cette donnée, basée sur une étude précédente de ces auteurs, était définie par une augmentation de moins d’un facteur 2 entre le taux plasmatique du GLP-1 à jeun et celui mesuré 30 minutes après un repas test de 500 kcal.
La durée de l'étude était de 24 semaines puis d'une période de suivi de 4 semaines. Parmi les 154 sujets explorés, 70 répondaient aux critères de l'essai et ont été inclus dans l'étude tandis que 57 ont terminé le suivi.
Le liraglutide 3 mg ou le placebo était injecté une fois par jour pendant 24 semaines en complément d'une intervention sur le mode de vie comportant un déficit énergétique quotidien de 500 kcal. La répartition des participants a été stratifiée selon le type de chirurgie, bypass ou sleeve gastrectomie.
Le critère principal de jugement reposait sur la variation en pourcentage du poids entre le début et la fin de la période d'étude de 24 semaines, sur la base d'une analyse en intention de traiter. La sécurité des participants a été surveillée par le contrôle des paramètres biochimiques, notamment la fonction rénale et hépatique et un recueil des événements indésirables.
Au total, 70 participants d’âge moyen 47,6 ± 10,7 ans (74 % de femmes) et présentant une mauvaise réponse en termes de perte de poids après chirurgie bariatrique ont été randomisés pour recevoir du liraglutide 3 mg (n = 35) ou un placebo (n = 35). Huit participants ont arrêté le traitement (4 par groupe) tandis que 2 du groupe liraglutide et 1 du groupe placebo ont été perdus de vue.
La diminution du pourcentage de poids entre le départ et la semaine 24 était de 8,82 ± 4,94 % dans le groupe liraglutide versus 0,54 ± 3,32 % avec le placebo (figure).
La différence moyenne du pourcentage de variation du poids entre les groupes liraglutide 3 mg et placebo était de -8,03 % (IC95% : -10,39 à -5,66 ; p < 0,001). Au total, à la fin de la période de traitement de 24 semaines, 71,9 % des participants traités par liraglutide 3 mg versus 8,8 % dans le groupe placebo ont perdu plus de 5 % de leur poids. Les événements indésirables, principalement gastro-intestinaux, ont été plus fréquents avec le liraglutide (80 %) qu'avec le placebo (57 %). Aucun événement indésirable grave ni aucun décès lié au traitement n’ont été notés.
Bien que la chirurgie métabolique reste le traitement le plus efficace et le plus durable de l'obésité sévère et des comorbidités associées, 1 patient sur 4 obtient un mauvais résultat en matière de perte de poids.
En dépit des biais et du faible nombre des participants, les résultats de cette étude montrent que l'utilisation du liraglutide à la dose de 3 mg, peut constituer un recours supplémentaire chez les patients présentant une perte de poids insuffisante après une chirurgie bariatrique. Cependant ce médicament, disponible en France mais pas encore remboursé à cette dose, sera vraisemblablement concurrencé par les formes hebdomadaires des AR GLP-1 et par les co-agonistes GIP/GLP-1.
Figure 1.
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