Expérimentation OBEPAR : point d’étape

L’expérimentation OBEPAR initiée cette année est menée conjointement par Eve Desnoyer, coordinatrice CSO Ile-de-France centre, et le Pr Judith Aron-Wisnewsky (APHP – Sorbonne Université). Ont été inclus les patients âgés de 18 à 65 ans, résidant en Ile-de-France et pris en charge pour une première intervention en chirurgie bariatrique. Tous ont un IMC compris entre 35 kg/m² et 50 kg/m². Les cas de patients les plus sévères ont été exclus de l’étude. Au total, 400 patients vont participer à l’expérimentation OBEPAR la première année, 800 autres la deuxième et 800 supplémentaires la troisième année. En quoi consiste le parcours OBEPAR ? À mieux articuler les différentes étapes de la prise en charge : la consultation médicale, l’enseignement en activité physique adaptée, le suivi diététique, psychologique, en pré- et en postopératoire. Ou encore les séances d’éducation thérapeutique, les RCP initiale et préopératoire.  Les patients inclus dans le programme OBEPAR bénéficient également d’évaluation et de prise en charge de leurs comorbidités, par l’exploration des fonctions cardio-respiratoire et métabolique, ou encore de supplémentation nutritionnelle (multivitamines). La prise en charge par forfaits (hors droit commun) est aussi intégrée dans le cadre d’OBEPAR, pour les actes non remboursés. « Le caractère innovant de cette expérimentation repose sur la mise en place d’une cellule de coordination », souligne le Pr Judith Aron-Wisnewsky, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. Au centre de cette cellule : « Un interlocuteur unique tourné vers les patients et les professionnels de santé participant à la prise en charge, entre la ville et l’hôpital. Cet interlocuteur recueille les indicateurs de suivi du parcours, en s’appuyant notamment sur un outil informatique dédié (via terr-eSanté). » Cet interlocuteur organise également les formations des professionnels.   Observance thérapeutique et efficacité dans le temps Quels sont les principaux objectifs d’OBEPAR ? Diminuer le nombre de patients perdus de vue, limiter la reprise pondérale et les complications à court, moyen et longs termes de la chirurgie bariatrique ; Favoriser la mise en place des recommandations de bonnes pratiques publiées par la Haute Autorité de santé (HAS) et garantir un bon niveau de recours à la chirurgie bariatrique ; Améliorer l’organisation du parcours de soins dont les patients peuvent bénéficier, et renforcer la coordination du réseau ville/hôpital ; Favoriser l’accès aux soins non remboursés tout en maîtrisant les dépenses liées à l’innovation. Pour ce faire, un financement dérogatoire par forfait* couvrant chaque étape de la prise en charge devra être mis en place.   Quels freins levés dans le déroulé de l’expérimentation ? Certains obstacles ont pu être levés pour lancer l’expérimentation OBEPAR : L’apaisement de la crise sanitaire a permis de déboucher sur une situation sanitaire moins problématique ; La communication entre le groupe de travail, l’ARS et le ministère a pu être améliorée. Ce travail de bonne entente a permis de valider la deuxième version du cahier des charges ; L’outil numérique Terr-esanté mis au point pour assurer le suivi du parcours patients, les relances et la collecte d’indicateurs, est fonctionnel et a pu être livré dans les temps ; La tarification des forfaits a pu être revue pour ne prendre en compte que les actes non remboursés. Un process intégré dans l’outil de coordination Terr-esanté ; La rémunération des partenaires a pu être mise en place, afin de pallier l’impossibilité de rémunération directe des actes paramédicaux par l’Assurance maladie ; Pour assurer le bon déroulement de l’expérimentation, des frais dit d’amorçage et d’ingénierie ont été alloués au recrutement d’un chef de projet et de coordinateurs ; Pour une inclusion la plus complète possible des établissements de santé et des patients à l’expérimentation OBEPAR, des relances des partenaires des villes initialement identifiées sont effectuées. Des formations sont également mises en place pour s’adapter en continu et coller aux besoins du projet OBEPAR.   En conclusion L’expérimentation OBEPAR fait partie de l’un des premiers projets de l’article 51 validé ; Ce projet ambitieux intègre chacun des pans du suivi des patients pris en charge en chirurgie bariatrique ; Cette expérimentation permet une meilleure prise en charge au forfait et une meilleure coordination entre les CSO et la ville ; L’expérimentation OBEPAR permet d’améliorer le rapport bénéfice-risque de la chirurgie bariatrique ; La mise en œuvre de l’expérimentation OBEPAR est effective pour mi 2023. En fonction de sa faisabilité et de sa pertinence, le projet pourrait ensuite être généralisé à l’ensemble du territoire, avec une évaluation prévue dans les 5 ans.   *À chaque phase de soins correspond un forfait : la préparation préopératoire, l’intervention chirurgicale et la phase post-opératoire à 1 an, le suivi en post-opératoire à long terme à 2 ans et plus.   Sources Conférence du Pr Judith Aron-Wisnewsky, service de Nutrition, pôle Cœur et Métabolisme Centre Intégré de l’Obésité, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), Congrès de la SOFFCO.MM, « La chirurgie métabolique au sommet », organisé les 25 et 26 mai 2023 à Grenoble