Nutrition
Publié le 29 sep 2022Lecture 3 min
Être en surpoids ou obèse à l’adolescence expose à un risque accru de diabète de type 1 à l’âge adulte
Patrice DARMON, Marseille
L’incidence du diabète de type 1 (DT1) augmente régulièrement depuis des années, suggérant, au-delà de la susceptibilité génétique, l’implication croissante de facteurs d’environnement dans la genèse de la maladie. Parallèlement, l’incidence du surpoids et de l’obésité augmente chez les enfants et les adolescents, laissant penser que l’excès de poids et l’insulinorésistance pourraient en quelque sorte « accélérer » la survenue d’un DT1 chez des individus prédisposés. Certaines études montrent un lien entre obésité pendant l’enfance et risque de développer un DT1 pendant l’enfance ou l’adolescence mais le lien entre obésité à l’adolescence et risque de DT1 à l’âge adulte n’est pas établi à ce jour.
C’est tout l’objet de cette vaste étude rétrospective israélienne menée sur une période allant de 1996 à 2016 et portant sur 1 426 362 adolescents examinés alors qu’ils étaient âgés de 16 à 19 ans au cours d’une visite préalable à leur appel au service militaire et tous initialement indemnes de troubles de la glycorégulation (âge moyen 17,3 ans ; garçons-filles 58,5-41,5 % ; IMC moyen 22,2 kg/m2 pour les garçons et 22,0 kg/m2 pour les filles ; prévalence du surpoids et de l’obésité : 10,5 % et 7,6 % chez les garçons, 11,1 % et 4,6 % chez les filles, respectivement). Les auteurs ont croisé ces données avec celle d’un registre national colligeant les cas de DT1 défini selon des critères cliniques et/ou biologiques. Au terme d’un suivi médian de 11,2 ans, on dénombre 777 nouveaux cas de DT1 (âge moyen à la découverte 25,2 ans). En comparaison avec les individus dont l’IMC initial se situait entre le 5e et le 49e percentile et en analyse multivariée incluant notamment sexe, âge à l’inclusion, niveau d’éducation et performances cognitives, on retrouve une augmentation significative du risque de développer un DT1 chez les patients présentant au départ un IMC entre le 75e et le 84e percentile (HR 1,41 [IC95% : 1,11-1,78]), chez ceux avec un IMC initial entre le 85e et le 94e percentile, soit la zone correspondant au surpoids (HR ajusté 1,54 [IC95% : 1,23-1,94]) et chez ceux avec un IMC initial ≥ 95e percentile, soit la zone correspondant à l’obésité (HR ajusté 2,05 [IC95% : 1,58-2,66]). Chaque augmentation de 5 points de l’IMC est associée à une majoration de 35 % du risque de DT1. Des résultats comparables ont été retrouvés quel que soit le sexe, chez les participants inclus avant 2004 ou après avoir exclu les patients présentant initialement une autre maladie auto-immune.
En dépit de ses limites méthodologiques, ce travail suggère qu’il existe bel et bien un lien entre surpoids et obésité à l’adolescence et survenue ultérieure d’un DT1 pour des raisons qu’il reste à élucider. Cet excès de risque vient s’ajouter à celui, plus attendu et maintes fois démontré, de DT2 et doit nous conduire, s’il en était besoin, à accentuer nos efforts sur la prévention et la prise en charge du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et l’adolescent.
Publié par Diabétologie Pratique
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