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Prévention

Publié le 17 oct 2024Lecture 4 min

Déterminants de la surcharge pondérale et de l’obésité et focus sur les politiques publiques de prévention

Sylvie LE GAC, Courbevoie

Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), l’obésité et les maladies associées réduiront l’espérance de vie mondiale de 0,9 à 4,2 ans au cours des 30 prochaines années (2,7 ans en moyenne par rapport à l’espérance de vie actuelle) [OCDE, 2019]. Dans certains pays, cette pathologie pourrait même surpasser le tabagisme comme première cause de risque de cancer évitable (Arnold et al., 2015). L’obésité constitue également un défi croissant pour les générations futures (Chardon et al., 2015 ; Moschonis et al., 2022). Le décor est planté et il y a urgence à agir. À partir du constat des données de l’European Health Interview Survey 2019 (EHIS 2019), la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (DRESS) a publié un dossier(1) dans lequel est décrit un panorama des politiques publiques de prévention et de leurs effets, en Europe et dans le monde.

Les déterminants de la surcharge pondérale et de l’obésité À l’échelle européenne, le genre et l’âge apparaissent comme les premiers déterminants de la surcharge pondérale : toutes choses égales par ailleurs, les hommes ont significativement plus de chance d’être en surcharge pondérale que les femmes (odds ratio de 2,1) ; contrairement à ce qui était observé pour la surcharge pondérale, être un homme - comparativement à être une femme - diminue significativement la probabilité d’être obèse plutôt qu’en surpoids (odds ratio de 0,7). L’âge est également un facteur déterminant, la probabilité d’être en surcharge pondérale augmentant avec l’âge : toutes choses égales par ailleurs, les plus jeunes (20-29 et 30-39 ans) ont une probabilité plus faible (odds ratio respectifs de 0,4 et de 0,7) d’être en surcharge pondérale que les personnes âgées de 40-49 ans (modalité de référence) ; tandis que les personnes plus âgées (50-59 et 60-69 ans) ont des chances significativement plus élevés d’être en surcharge pondérale (odds ratio respectifs de 1,3 et 1,7). Vivre en milieu rural (comparativement au fait de vivre en milieu urbain) ou avoir un diplôme de niveau collège (comparativement au fait d’avoir un diplôme de niveau baccalauréat) augmente également significativement la prévalence de la surcharge pondérale, mais dans une moindre mesure que le genre et l’âge. Le revenu joue également un rôle, mais son impact sur le poids semble relativement faible. Si la plupart des habitudes de vie (alimentation et activité physique) ne sont pas significativement corrélées au poids, certaines semblent néanmoins avoir un effet modéré : les personnes qui pratiquent une activité physique d’au moins 150 minutes par semaine et celles qui consomment des légumes quotidiennement ont une probabilité significativement plus faible d’être en surcharge pondérale que leurs homologues qui ne remplissent pas ces conditions (odds ratio respectifs de 0,8 et de 0,9). La position sociale a par ailleurs un rôle plus important : les personnes ayant un revenu plus faible ou un niveau d’éducation moins élevé ont une probabilité significativement plus importante d’être obèses que leurs homologues plus aisés ou plus éduqués. Ces facteurs de risque constituent autant de leviers sur lesquels peuvent jouer les mesures qui ont été mises en place en France, en Europe et plus largement dans le monde, pour lutter contre l’obésité.   Les politiques publiques de prévention (tableau 1) Les mesures suivantes sont les plus efficaces pour lutter contre le surpoids et l’obésité : l’interdiction de la publicité pour des PGSS pour les enfants et les adolescents, l’étiquetage nutritionnel et la taxation des boissons sucrées, potentiellement jumelée à des mesures de subventions des aliments sains ou à des chèques alimentaires. En revanche, l’efficacité des campagnes d’information semble plus incertaine, tout comme celle des ateliers de gestion du budget alimentaire, souvent perçus comme infantilisants ou intrusifs. Les pauses actives et l’éducation nutritionnelle des plus jeunes sont perçues positivement, mais les initiatives demeurent dispersées et leur efficacité est peu probante. Pour de nombreuses mesures applicables à l’alimentation, l’opposition des industriels – en raison des pertes de revenus que ces mesures pourraient provoquer ou des coûts associés à la mise en œuvre de certaines mesures (ajustements d’emballages, infrastructures) peut constituer un frein majeur. Retrouvez ce tableau en cliquant sur https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2024-07/DD118.pdf   Les produits dits « sains » et les produits dits « malsains » : un rappel utile • Selon l’OMS, pour un adulte, une alimentaire saine est composée des éléments suivants : (1) au moins cinq portions de fruits et de légumes par jour (pommes de terre, patates douces, manioc et autres racines amylacées non incluses) ; (2) trois portions par jour de lait et de produits laitiers ; (3) des féculents à chaque repas (en privilégiant les céréales complètes) ; (4) de la viande (dont du poisson deux fois par semaine et en privilégiant les viandes blanches) ; (5) moins de 10 % de l’apport énergétique total doit provenir de sucres libres ; (6) moins de 30 % de l’apport énergétique total doit provenir de matières grasses ; (7) moins de 5 g de sel doivent être consommés par jour (OMS, 2018). • En revanche, sont considérés comme « non sains » les aliments dits « ultratransformés » qui ont subi d’importantes transformations chimiques ou biologiques par des processus industriels et dans lesquels des additifs, des émulsifiants, des exhausteurs de goût ou des antioxydants ont été ajoutés.  

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