Publié le 14 fév 2024Lecture 4 min
ObéCoach : un suivi nutritionnel en ligne
Laura BOURGAULT, Nantes
Le suivi nutritionnel en ligne, autrement appelé e-coaching, permettrait-il aux patients d’adopter de meilleurs réflexes à table, ou encore de pratiquer une activité physique adaptée régulière et assidue ? De prendre soin d’eux, tout simplement ? Des médecins chercheurs de l’Hôpital Bichat-Claude Bernard (AP-HP) - Université Paris Cité lancent une étude pour évaluer l’impact du numérique sur la perte de poids et son maintien dans le temps.
La prise en charge pluridisciplinaire de l’obésité nécessite beaucoup d’observance de la part du patient, de soutien et de disponibilité des équipes soignantes. Parfois les patients peinent à trouver l’offre de soins correspondant à leurs besoins. Précisément, dans le cadre de cette maladie chronique, on estime que seule « une minorité de ceux qui en ont besoin a accès à un accompagnement médical adapté », décrit le Pr Boris Hansel (unité INSERM U1148 (Didier Letourneur).
En cause : « Les déserts médicaux, le manque de temps des médecins généralistes, l’absence de remboursement des diététiciens, enseignants en activité physique et des psychologues sont autant de freins à la prise en charge des patients qui sont souvent volontaires pour être aidés », attestent les scientifiques de l’Hôpital Bichat*.
Raison pour laquelle l’équipe du Pr Boris Hansel et le centre de responsabilité santé connectée comptent évaluer les effets du suivi à distance via la mise en place de l’application ObéCoach. Un programme basé sur le e-coaching permettant aux patients de bénéficier d’un suivi personnalisé en plus des traditionnelles notifications et carnet de bord concernant tous les aspects nutritionnels de leur pathologie.
ObéCoach sur 1 an
ObéCoach est déjà utilisée depuis plusieurs mois dans le service nutrition de l’Hôpital Bichat Claude Bernard (AP-HP). « Les retours des patients qui utilisent ObéCoach sont globalement satisfaisants, mais nous nous devons de l’évaluer rigoureusement dans le cadre d’un essai clinique », atteste le Pr Hansel.
Objectif donc : recruter sur une année un total de 350 volontaires pour comparer l’efficacité de cette modalité de suivi comparées à des patients ne bénéficiant d’aucune prise en charge. Pour y participer, les patients doivent être en surpoids associé à une comorbidité (prédiabète, diabète, HTA, apnées du sommeil) ou en situation d’obésité. Pour être inclus dans l’étude, ils ne doivent bénéficier d’aucun autre accompagnement sur le plan nutritionnel. Les participants souhaitant soumettre leur inscription peuvent le faire sur ce lien en répondant aux 23 questions proposées.
Après sélection, les patients « seront répartis, après un entretien médical et de façon aléatoire en téléconsultation en deux groupes : l’un sera inscrit au programme ObéCoach, le second recevra des instructions pour améliorer leurs habitudes nutritionnelles sur la base des outils en ligne déjà disponibles aujourd’hui ».
Il s’agit là de la première étude française financée par le ministère de la Santé et de la Prévention évaluant l’impact du coaching dans le suivi du surpoids et de l’obésité. Dans le passé, la même équipe avait prouvé l’efficacité d’un dispositif équivalent (ANODE) dans le suivi des patients diabétiques souffrant également d’une obésité abdominale. En 12 semaines d’utilisation, les volontaires étaient parvenus à modifier leurs habitudes alimentaires.
Nutrition, APA : une approche personnalisée
OBECOACH est pensé autour de plusieurs items : les habitudes nutritionnelles et les comportements alimentaires, le niveau d’activité physique. Cette application accompagne, soutient : « Bienveillante, elle tient compte de la psychologie des utilisateurs ». Des rappels des objectifs à atteindre sont envoyés régulièrement. En complément, des visios sont prévues avec les spécialistes de la nutrition et de l’activité physique.
Loin des applications impersonnelles, ObéCoach s’approche au plus près de la capacité du patient. « Côté activité physique, nous proposons des choses réalistes et surtout efficaces conformément aux recommandations de la HAS pour la prise en charge de l’excès de poids », décrit Chloé Ogorek, enseignante en activité physique adaptée (APA) de l’équipe.
Afin de suivre l’évolution de tous les critères physiologiques, les patients seront équipés d’appareils connectés. Sur les 12 mois, ces données et les téléconsultations seront l’occasion de faire le point sur « l’évolution du poids, des habitudes alimentaires, du comportement alimentaire, de l’activité physique, des examens sanguins, de la pression artérielle. À la fin du protocole, les volontaires ayant bénéficié du programme classique pourront accéder à ObéCoach, dans sa version améliorée.
En plein essor, la télémédecine a encore peu investi la pathologie qu’est l’obésité. « Il n’existe pas à ce jour d’applications et/ou de services connectés validés pour la prise en charge des personnes en surpoids ou en situation d’obésité. De tels services connectés pourraient être un relais décisif dans l’offre de soins visant à accompagner des millions de français qui présentent une maladie liée à l’excès de poids », concluent les médecins chercheurs.
*Étude promue par l’AP-HP, réalisée en partenariat avec l’Inserm et Université Paris-Cité, est financée par le ministère de la Santé et de la Prévention dans le cadre du PHRC, programme hospitalier de recherche clinique.
Source : AP-HP. Les personnes en situation d’obésité gagneraient-elles à avoir un accompagnement nutritionnel en ligne pour perdre du poids et améliorer leur santé ? Consulté en février 2024. Disponible : https://www.aphp.fr/contenu/les-personnes-en-situation-dobesite-gagneraient-elles-avoir-un-accompagnement-nutritionnel
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