L’obésité responsable du diabète de type 2 chez l’enfant : sans aucun doute mais…

Au cours des dernières décennies, le diabète de type 2 (DT2) chez les enfants et les adolescents s’est développé à l'échelle mondiale conjointement à l'augmentation des cas d'obésité pédiatrique. Les enfants atteints d'obésité ont également un risque plus élevé de développer le DT2 à l'âge adulte par rapport à ceux de poids normal. Ainsi, l'épidémie d'obésité chez les enfants est habituellement rendue responsable de la survenue de plus en plus fréquente de cas de DT2 alors que le diabète de type 1 prédominait largement. Cependant, l’épidémiologie et la fréquence de l’obésité au cours du DT2 de l’enfant sont mal connues à l'échelle mondiale. L’objectif de cette enquête visait à combler ce manque en déterminant au niveau mondial, la prévalence de l'obésité au cours du DT2 chez les enfants en examinant le rôle du genre et de l’origine ethnique. Les conséquences de l’obésité dans le contrôle glycémique et les dyslipidémies étaient également explorées. Les études observationnelles comportant au moins 10 participants et rapportant la prévalence de l'obésité chez les enfants atteints de DT2 ont été recueillies sur MEDLINE, Embase, CINAHL, Cochrane Library et Web of Science jusqu'au 16 juin 2022. Conformément à la directive concernant les métaanalyses des études observationnelles en épidémiologie, 2 examinateurs indépendants travaillant en équipes ont effectué l'extraction des données et les analyses concernant le niveau de preuve et le risque de biais. Le principal critère de jugement comprenait les taux de prévalence de l'obésité chez les enfants atteints de DT2. Les critères secondaires précisaient cette prévalence selon le genre et l’origine ethnique ainsi que les associations entre l'obésité, le contrôle glycémique et les dyslipidémies. Sur les 57 études repérées dans la revue systématique de la littérature, 53 articles regroupant 8 942 participants ont été inclus dans la métaanalyse. La prévalence globale de l'obésité chez les enfants atteints de DT2 était de 75,27 % (IC95% : 70,47 % à 79,78 %). La fréquence de l'obésité au moment du diagnostic de diabète chez 4 688 participants était de 77,24 % (IC95%: 70,55 % à 83,34 %). Les garçons présentaient une prévalence de l’obésité plus élevée que les filles (odds ratio = 2,10; IC95% : 1,33 à 3,31). Les enfants d’origine asiatique avaient la plus faible prévalence d'obésité (64,50 % ; IC95% : 53,28 % à 74,99 %) tandis que les caucasiens présentaient la prévalence d'obésité la plus élevée (89,86 % ; IC95% : 71,50 % à 99,74 %) par rapport notamment aux Américains d’origine africaine et hispanique alors la fréquence du DT2 est plus importante dans ces ethnies. Enfin, une grande hétérogénéité entre les études a été notée concernant la prévalence de l’obésité au cours du DT2 des enfants ainsi que sur le contrôle glycémique et l’existence des dyslipidémies. Les résultats de cette métaanalyse confirment les relations étroites entre obésité et DT2 de l’enfant. Ainsi, l'obésité est un problème de santé publique mondial qui touche environ 340 millions d'enfants et constitue un facteur majeur de risque de survenue d’un DT2. Cependant, l’existence d’une obésité n’est pas un phénotype universel puisqu’un enfant sur quatre présentant un DT2 n’est pas obèse et qu’il existe de grandes variations selon les ethnies. Toutefois, l’implication d’un simple surpoids mériterait également d’être analysée. Ces constatations suggèrent qu’il existe d’autres facteurs susceptibles d’intervenir dans la survenue d’un DT2 dans cette population particulière jusqu’alors largement épargnée.