Publié le 31 mar 2021Lecture 3 min
Absence d’effets chez la mère ou le fœtus de la metformine chez les femmes enceintes en excès pondéral
Jean-Louis SCHLIENGER, Université de Strasbourg
Débuter une grossesse avec un IMC > 25 kg/m² expose à un risque accru de diabète gestationnel, d’hypertension artérielle, de prééclampsie, de prématurité et de naissance par césarienne. Quant à l’enfant il encourt un risque majoré de macrosomie, de poids élevé pour l’âge gestationnel (GAG), de traumatisme obstétrical, de score Apgar bas et d’hypoglycémie néonatale.
À plus long terme le surpoids maternel est un facteur prédictif indépendant d’obésité infantile. Les intervenions portant sur le mode de vie et l’alimentation se sont avérées globalement décevantes pour contenir ces risques et pour réduire le poids de naissance du nouveau-né. Le recours à la metformine (MTF), molécule insulino-sensibilisante dont l’innocuité au cours de la grossesse est bien établie, a été logiquement envisagé pour améliorer l’issue de la grossesse en cas d’obésité maternelle caractérisée par un état d’insulino-résistance particulièrement marquée.
L’essai randomisé contrôlé GROW mené dans la métropole d’Adélaïde (Australie) a comparé les effets de la MTF (500 mg/j ou plus) à un placebo (PBO) en tant qu’adjuvant de la prise en charge hygiéno-diététique individuelle chez un peu plus de 524 femmes ayant en commun un IMC > 25 kg/m² (32 % de surpoids et 68 % d’obésité) entre la 10e et la 20e semaine de grossesse et l’absence de diabète préexistant. Dans un premier volet de l’étude il est montré que la MTF n’a pas d’effets significatifs sur le poids de naissance, le GAG, les modifications du mode de vie ou de l’alimentation et la qualité de vie. Fait notable, la fréquence des effets indésirables digestifs est comparable dans les bras MTF et PBO. Seule la prise de poids de la mère tend à être moindre sous MTF (-0,08 kg, p = 0,07) alors que le poids n’est pas différent à la fin de la grossesse. L’objectif du deuxième volet de l’étude a été d’évaluer les effets de la MTF sur la biométrie fœtale explorée échographiquement à la 28e et la 36e SA. Ni la vitesse de croissance fœtale, ni l’adiposité fœtale, ni le poids fœtal estimé à l’aide de la formule de Hadlock ne sont différents dans les deux bras.
Ces résultats démontrent que la MTF administrée en complément des conseils hygiéno-diététiques chez les femmes en ceintes en surpoids ou obèses n’a pas d’effets appréciables sur l’évolution pondérale maternelle, le poids de naissance et la biométrie fœtale au cours du 3e trimestre de la grossesse. Par ailleurs, la MTF n’a pas été associée à une augmentation du taux d’évènements indésirables néonataux. Ces résultats ne confirment pas l’hypothèse avancée dans des études menées dans le diabète gestationnel selon laquelle la MTF prénatale favoriserait le stockage des graisses en sous-cutané et une diminution de la graisse viscérale.
En conclusion, il n’y pas d’effet clinique significatif à attendre tant chez la mère que chez le fœtus d’un traitement adjuvant par MTF chez les femmes en sur poids ou obèses.
Publié dans Gynécologie Pratique
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